Principales orientations de la politique étrangère de la France - Rencontre de M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères et du développement international, avec l’association de la presse anglo-américaine

Paris, 16/04/2015

Merci à vous, cela me fait plaisir de vous voir, vous êtes les bienvenus ici.

Il est vrai qu’il y a beaucoup de crises et, en vous écoutant, j’avais à l’esprit la phrase de Shakespeare dans « Le marchand de Venise » qui dit : « S’il était aussi facile de faire que de dire ce qu’il faut faire, les chapelles seraient des cathédrales et les chaumières des palais. ». C’est une leçon d’humilité pour nous tous.

Je ne vous ferai pas de topo général d’introduction parce que, comme nous n’avons que peu de temps, je pense qu’il est préférable que je réponde à vos questions.

Je ferai juste une remarque préliminaire.

Il y a effectivement beaucoup de crises, de difficultés et de points chauds dans le monde et le risque, c’est finalement d’essayer d’apporter ce que l’on peut à ces crises mais sans ligne directrice. Or, la France est un pays particulier - cela ne veut pas dire qu’il faille être arrogant - parce que nous avons - même si nous ne sommes pas et de loin le plus grand pays du monde - une diplomatie globale, c’est-à-dire que nous possédons, je crois, l’ensemble de la panoplie de l’influence. Nous sommes un membre permanent du Conseil de sécurité - merci au général de Gaulle ; nous avons une puissance militaire importante, une puissance économique. Nous ne sommes pas la première puissance économique mais il y en a quand même 190 derrière nous. Nous avons un appareil diplomatique, éducatif et culturel important. Nous avons nos principes, notre histoire. Nous avons la langue française. Tout cela constitue pas mal d’éléments, pour une puissance en tout cas. Nous essayons d’avoir une diplomatie globale.

Lorsque le président de la République ou moi-même avons à prendre des orientations ou des décisions sur telle ou telle crise, nous nous référons à quatre piliers qui sont un guide, un point fixe.

Premièrement, nous essayons de travailler, toujours, pour la sécurité et la paix. Cela ne veut pas dire le pacifisme, cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’interventions, mais nous tentons, lorsqu’il y a des difficultés, de savoir ce qui est utile pour la sécurité et la paix.

Deuxièmement, il y a tout ce qui touche à la planète, non seulement à l’organisation générale de la planète, avec notre conception de l’ONU et des rapports internationaux. Cette année, en particulier, la préservation de la planète est l’objet de la COP21. Le meilleur résumé a été fait par Ban Ki-moon : « There’s no plan B because there’s no planet B. » Tout est dit. Au départ, je n’étais pas spécialiste de ces questions mais je m’y suis mis et je suis désormais absolument certain que c’est un énorme problème qu’il faut prendre à bras le corps. Donc, en même temps que la sécurité et la paix, nous essayons de travailler pour la planète.

Troisièmement, nous avons une certaine vision de l’Europe. Nous nous attachons à la relancer, parce que nous croyons en elle, mais en même temps nous nous attachons à la réorienter. Certaines choses ont été faites dans le bon sens mais il reste encore des choses à faire.

Quatrièmement, il y a le redressement économique et plus largement le rayonnement de la France. C’est la raison pour laquelle j’ai demandé à être chargé du tourisme et du commerce extérieur parce que tout cela, dans une France ouverte au monde, prend une certaine cohérence.

Nous allons aborder de nombreux sujets, de nombreuses crises mais chaque fois, nous tentons de nous déterminer à partir de ces quatre grands objectifs. (...)./.

Dernière modification : 21/04/2015

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