Célébration de la Francophonie (20 mars)

Le Conseil permanent de l’Organisation des États américains (OEA), réuni en session ordinaire, a célébré la journée internationale de la Francophonie mercredi 20 mars. Cette mission permanente a œuvré à préparer cette séquence, marquée par la lecture d’une déclaration soutenue par 20 États-membres de l’OEA et conclue par un moment convivial à l’occasion d’un concert de musique haïtienne et de l’inauguration d’une exposition de livres francophones dans le bâtiment principal de l’OEA. Pour rappel, le français est l’une des quatre langues officielles de l’Organisation.

Parmi les États-membres de l’OEA, on compte 4 membres de plein droit à l’OIF (Canada ; Haïti ; Sainte-Lucie ; Dominique) et 5 États observateurs (Argentine ; Costa Rica ; Mexique ; République dominicaine et Uruguay).

Louise Mushikiwabo, Secrétaire générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) s’est adressée au Conseil permanent à travers une vidéo pré-enregistrée. Elle a appelé à célébrer la richesse et la diversité de la francophonie au sein des Amériques, continent francophone et francophile qui comptait plus de 30 millions de locuteurs francophones.

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[Intervention de la SG de l’OIF]

Cette importance du français dans les Amériques, témoin d’une histoire et d’un patrimoine partagés, devait permettre le renforcement des liens entre l’OEA et l’OIF, des « organisations intergouvernementales ambitieuses et fières des valeurs qu’elle défendent ». Il fallait développer des coopérations concrètes entre les deux organisations, qui partageaient des valeurs et des missions en matière de défense de la démocratie, des droits de l’Homme de l’État de droit et de la défense et promotion des droits politiques et économiques des femmes.

La SG a rappelé par ailleurs l’engagement de l’OIF auprès d’Haïti et la mobilisation des États-membres en soutien à la future mission de soutien à la sécurité. Enfin, Mme Mushikiwabo a présenté les enjeux du Sommet de Villers-Cotterêts des 4 et 5 octobre 2024 prochains, organisé autour du thème « Créer, Innover et Entreprendre en français ».

Jean-Marie Louis, Recteur de l’Université Notre-Dame d’Haïti a souligné que la francophonie permettait des coopérations Nord-Sud et Sud-Sud dans de nombreux champs, y compris universitaire ou économique. S’il a loué les nombreuses opportunités offertes par la francophonie en matière d’éducation, d’échanges universitaires et d’échanges de savoirs, il a regretté que la crise multidimensionnelle en Haïti et ses nombreuses conséquences sécuritaires, sociales et humanitaires limite ces coopérations. Il a regretté l’émigration de nombreux jeunes Haïtiens et un système universitaire en souffrance en raison des départs massifs de professeurs et d’étudiants. Près de 31 000 jeunes Haïtiens avaient notamment quitté le pays entre octobre et novembre 2023. Il a appelé à une réforme de la gouvernance universitaire et à un renforcement de la coopération entre les universités privées et publiques.

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Michel Robitaille, Président du Centre de la francophonie des Amériques (Canada) est intervenu pour présenter les caractéristiques de la francophonie à travers les Amériques, alors que 33 millions de francophones sont répartis sur le continent, dont 10 millions au Canada, 11 millions aux États-Unis (dont près de 3 millions en Louisiane), 9 millions dans les Caraïbes et 3 millions en Amérique latine. La langue française tirait sa richesse de sa diversité dans l’Hémisphère. L’orateur a relevé par ailleurs la présence de 600 000 francophones au Brésil et le retour de l’apprentissage obligatoire du français dans les écoles publiques au Costa Rica. Michel Robitaille a par ailleurs détaillé les activités de son organisme, qui s’appuie sur un réseau de 650 organismes partenaires, associations de professeurs, chambres de commerce, organisations culturelles ou ambassades.

Le représentant permanent du Canada auprès de l’OEA a lu en séance une déclaration sur le rayonnement de la francophonie dans les Amériques, au nom de 20 Etats-membres de l’OEA (Argentine, Brésil, Canada, Chili, Colombie, Costa Rica, Dominique, El Salvador, Équateur, Guatemala, Haïti, Honduras, Mexique, Panama, Paraguay, Pérou, République dominicaine, Sainte-Lucie, États-Unis, Uruguay).

Le texte rappelle les liens qui unissent la grande famille francophone des Amériques ainsi que les valeurs communes de démocratie, de respect de l’État de droit et des droits de l’Homme. Il fait mention du multilinguisme au sein de l’OEA et rappelle que les chefs d’État et de gouvernement de l’OIF participeront au Sommet de la Francophonie des 4 et 5 octobre à la Cité internationale de la langue française.

L’ambassadrice du Costa Rica, en français, a rappelé l’appartenance de son pays à l’OIF, comme observateur. Elle a notamment salué le rôle essentiel que joue la francophonie dans la promotion du dialogue interculturel et les instances diplomatiques multilatérales.

La représentante de Sainte-Lucie est intervenue par vidéo en français depuis le siège de l’UNESCO, rappelant les racines profondes de l’héritage français des Caraïbes. Sainte-Lucie avait rejoint l’OIF immédiatement après son indépendance et s’inscrivait pleinement dans les valeurs de la francophonie de défense de la paix, la démocratie et les droits de l’Homme. Elle a par ailleurs loué le dynamisme de la communauté francophone, qui cherchait à créer des opportunités pour les jeunes. La francophonie était pour la jeunesse une possibilité d’exploiter ses compétences et talents.

Le représentant permanent du Brésil auprès de l’OEA a signalé l’importance de la langue française au Brésil (plus de 600 000 locuteurs, un vaste réseau de l’Alliance française). De la localité de Saint-Louis de Maragnan, lors de l’éphémère colonie française de la France équinoxiale, à aujourd’hui, la riche et complexe histoire entre la France et le Brésil était vaste. L’ambassadeur a rappelé les missions d’architectes et de militaires français au Brésil, reconnaissant la profonde interconnexion de nos cultures. Il s’est félicité enfin du respect du multilinguisme de l’OEA qui permettait aussi à sa délégation de s’exprimer et de bénéficier des documents officiels en portugais.

Le représentant d’Haïti a rappelé que la francophonie devait rassembler les peuples et créer des espaces de solidarité et de coopération. Haïti était pleinement engagée dans la promotion et la défense de la francophonie et de ses valeurs. L’une des plus anciennes antennes du réseau des Alliances françaises avait d’ailleurs été ouverte à Jacmel dès les années 1920. Haïti avait d’ailleurs joué un rôle fondamental dans la promotion du français comme langue officielle des Nations unies. Il ne fallait pas oublier le contexte haïtien actuel qui empêchait la francophonie de rayonner, notamment en empêchant les enfants d’aller à l’école. Haïti avait besoin de soutien de ses partenaires internationaux dont l’OIF pour restaurer la démocratie, la paix et le respect des droits de l’Homme et pour l’aider à résoudre définitivement ses problèmes de sécurité et de crise alimentaire.

Le Secrétaire général Luis Almagro s’est exprimé pour saluer la célébration de la journée internationale de la francophonie. Il a défendu la diversité linguistique des Amériques. Le français était une langue de progrès et de solidarité et une richesse du Nord au Sud des Amériques. Il également mentionné la crise en Haïti et l’urgence d’y répondre pour que les Haïtiens retrouvent la paix.

Cette mission permanente a soutenu la déclaration lue au Conseil, rappelant que le français était la 5e langue plus parlée au monde. Cette langue n’appartenait pas à la France, elle transcendait les frontières et incarnait le principe de diversité linguistique. Le français était aussi vecteur d’échange et de développement économique.

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[Une exposition de livres francophones a été inaugurée]

Dernière modification : 25/03/2024

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